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T15 — Ne touchez pas aux esprits !

TÉMOIGNAGE DE JEAN-CHRISTOPHE THIBAUT, Famille Chrétienne du 27/10/2007.


De la prison des esprits à la Porte des Anges

Alors que déferle le raz-de-marée Harry Potter, le Père Thibaut, prêtre du diocèse de Metz – et auteur d’un roman fantastique d’inspiration chrétienne, signé Michael Dor* -, raconte comment le Christ l’a libéré de la magie. Un étonnant itinéraire.

Michael Dor ne roule pas sur l’or. Sa fortune personnelle est estimée à un milliardième de celle de J. K. Rowling. Et si celle-ci vend, en France, huit cent mille Harry Potter dès le premier jour de leur publication, Michael, lui, se réjouit d’avoir écoulé quatre mille exemplaires en un an de La Porte des Anges (1), son premier roman fantastique. C’est l’humble Dor. Son trésor est ailleurs.

Ce prêtre jovial a choisi un pseudonyme à connotation british – « Au cas où La Porte des Anges serait un jour traduit en anglais !, dit-il rieur, en ajoutant plus sérieusement : Michel est l’archange des combats ; la porte d’or est celle du Paradis, que gardent les anges ». Ce pseudo cache un nom bien de chez nous : Jean-Christophe Thibaut. Un prêtre de 47 ans, du diocèse de Metz. Son clergyman anthracite met en valeur les reflets métalliques de ses cheveux prématurément blanchis. Le costume austère est tempéré par l’air débonnaire de son locataire.

Sans avoir eu besoin de se réincarner, ce « chti », né à Lille en 1960, a déjà vécu plusieurs vies : une adolescence rebelle nourrie de lectures éclectiques ; la fascination pour les mondes parallèles ; la plongée dans le spiritisme ; la délivrance et l’appel au sacerdoce ; la formation théologique à la Grégorienne ; l’aumônerie de la prison des mineurs de Rome et celle des gitans ; puis celle du collège de Bitche ; l’enseignement de la phénoménologie religieuse et de l’Histoire des religions au séminaire d’Ars ; l’accompagnement spirituel de séminaristes ; la fondation de la communauté des Missionnaires de l’Amour de Jésus ; la publication, enfin, des deux premiers tomes – sur quatre – de La Porte des Anges, roman fantastique dont il est en train d’écrire nuitamment le troisième volet.

Aurait-il voulu botter le « potterieur » du jeune mage anglais et proposer une alternative chrétienne à Harry Potter ? « Pas du tout, répond-il. Je n’ai nullement la prétention de « rivaliser » avec un écrivain professionnel aussi talentueux que J. K. Rowling. Mais, convaincu qu’il faut reévangéliser par l’imaginaire, j’ai souhaité proposer autre chose : un récit fantastique qui obéit aux lois du genre et dont le contenu puise dans le terreau du christianisme. » Ainsi que dans les rebondissements de sa propre existence, pourrait-il ajouter. Lorsqu’il les évoque, dans le salon de cette communauté familiale sise en un ancien couvent du village d’Argancy, à dix kilomètres de Metz, on l’écoute bouche bée. La vie de Light VaDor (3) est un sacré voyage. Si passionnant qu’on a envie de le raconter à Harry Potter.

« J’ai grandi dans une famille d’enseignants athées et sympathisants communistes. Mon père était professeur d’anglais, marxiste-léniniste ; ma mère, peintre, professeur d’arts plastiques, maoïste. Pourtant je suis né dans une maternité catholique, à Lille, en 1960. Parce que c’était près de chez nous. J’ai été baptisé très vite, le dimanche suivant ma naissance, dans la foulée, c’était l’habitude.

Je suis l’aîné d’un frère et d’une petite sœur. Pour tout catéchisme, j’avais des leçons de doctrine marxiste à apprendre par cœur. Ma chambre était décorée d’une affiche de Che Guevara, et d’une autre représentant un poing levé aux couleurs du drapeau chilien, avec ce slogan : « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ».

En 1965, mes parents ont voulu « revenir à la terre ». Ils ont loué la ferme la plus paumée de la Thiérache. Il n’y avait ni eau potable ni chauffage. Me restent des souvenirs de grande solitude. À tel point que je me suis mis à soliloquer. Les parents ont consulté un pédopsychiatre qui a recommandé des activités communautaires pour me sortir de mon « autisme ». On m’a mis chez les louveteaux Scouts de France. Ce n’est pas encore là que j’ai entendu parler de Dieu.

Mai 68 est arrivé. Enfin la révolution qui allait tout changer ! Pendant que mes parents manifestaient et montaient des barricades, je lisais- leur bibliothèque était très éclectique. Je me posais beaucoup de questions existentielles. Mais si Dieu n’existait pas – il n’est qu’une projection de l’inconscient de l’homme, selon mes parents, et la religion, « l’opium du peuple » -, il fallait que je trouve des réponses ailleurs…

« Tu dis que Dieu est bon, alors qu’il a fait mourir ton père ? »

Je tombe, un jour, sur un livre de radiesthésie. « Génial, me suis-je dit, je vais faire comme le professeur Tournesol. » J’ai donc construit mon pendule, puis j’ai envoyé mon petit frère enfouir des objets dans le jardin… et je les ai tous retrouvés, rien qu’en suivant les oscillations. ça marchait !

En classe de cinquième, je lis le Phédon de Platon. La mort de Socrate me bouleverse, la métempsychose m’attire : ainsi l’âme pourrait se réincarner et voyager en plusieurs êtres ? Fascinant. Puis en quatrième, je dévore à la recherche de Bridey Murphy, le récit d’une femme qui, sous hypnose, remonte son existence jusqu’à des vies antérieures.

Fasciné, je le fais lire à un copain de classe. « Et si on essayait, nous aussi ? » On se procure des bouquins, on commence à s’hypnotiser l’un après l’autre, en appelant les esprits. Ils répondent… Très vite, nous sommes aspirés. Jusqu’à aller loin, très loin. Des esprits nous traversent, des pouvoirs surviennent. Nous sommes partagés entre la fascination et la crainte.

Un jour, mon copain se met à parler avec une voix d’adulte. Je lui repasse l’enregistrement. Il blêmit. La voix dit : « Peu importe mon nom… » (c’est une signature du Diable, je ne le saurai que plus tard).

Chacun de nous a son esprit. Ces « maîtres » nous initient à la magie. Nous capitulons devant leur pouvoir lorsqu’ils annoncent, par la bouche de mon ami, les yeux fermés, dans l’obscurité de la chambre, les quelques mots que j’ai inscrits sur une feuille de papier glissée dans une enveloppe cachetée. L’orgueil nous monte à la tête : nous sommes des initiés, des types supérieurs. On ne ressemble pas au commun des mortels. Je traite d’ailleurs mes parents de « géniteurs », avec un mépris auquel personne n’échappe (oui, le spiritisme mène à l’orgueil ou à la folie. Il déstructure la pensée rationnelle, il vous rend prêt à tout croire, à tout gober… Et aussi à tout faire).

Un jour – à 18 ans -, les esprits nous demandent d’aller à Sarlat, en Périgord. On n’a pas discuté, on a obéi, soumis. Nous habitions Cambrai – pas la porte à côté ! On a fait l’aller et retour dans la journée ; il suffisait que je tende le pouce, une voiture s’arrêtait et nous embarquait. Sur leur ordre, nous avons profané une chapelle – que le Seigneur me pardonne ! Ces souvenirs me réveillent encore la nuit.

Après le bac, j’aurais aimé faire de la littérature, mais les esprits exigent que je m’inscrive en psycho. « Cela fait partie d’un plan », m’expliquent-ils. J’obéis, et je rentre à Lille III (lorsqu’on glisse le petit doigt dans l’engrenage du spiritisme, on y passe tout entier. C’est pourquoi je dis aux jeunes : n’y touchez jamais. Les esprits vont devenir tyranniques jusque dans les détails les plus concrets de votre existence, jusqu’à vous interdire, par exemple, de franchir une ligne blanche dans la rue !).

À la fac, je rejoins la Ligue communiste révolutionnaire. De l’ère du Poisson, nous allons passer dans celle du Verseau : on ne passe jamais d’une ère à une autre sans destruction. Celle-ci doit être aussi politique et sociale. Mais je suis très vite déçu par la « timidité » de la LCR : on se contente d’arrêter les cours… Les profs sont ravis de repartir plus tôt, les étudiants aussi. Où est donc la grande déferlante de violence dont je rêve ?

Finalement, mes excès de zèle me font exclure de la LCR pour « extrémisme ». Mais avant cela, les responsables me confient une mission. Notre local est situé juste au-dessus de l’aumônerie catholique. Cela nous irrite, d’autant plus qu’il y a plus de monde chez les cathos que chez les cocos ! Comme je veux en découdre, l’un des responsables de la cellule m’envoie « casser du catho » : pas à coups de batte, mais dans la finesse, par l’infiltration et l’argumentation…

« Tope-là ! On parie que je te fais perdre la foi… »

La cible est toute trouvée : Christophe, un ancien camarade de lycée. étudiant à HEC et très engagé dans le scoutisme, il se dit ouvertement chrétien et ne met pas sa foi dans sa poche. Ce garçon a une faille et je la connais : son père est mort dans un accident de voiture quelques années plus tôt. Il me sera facile de l’attaquer sur ce point : « Tu dis que Dieu est bon, alors qu’il a fait mourir ton père ? » Je redeviens scout pour l’approcher. Si Christophe perd la foi, tout le groupe la perdra. Je ne vais en faire qu’une bouchée : ce Dieu qui se fait homme, c’est bon pour les crétins et les vieilles femmes qui ont besoin de se rassurer avant de mourir. Cela ne va pas être compliqué de le faire vaciller.

Un jour, je fais donc le pari avec Christophe que je vais lui faire perdre la foi. Tope-là ! Chaque semaine, on se voit une demi-heure. Je prépare mes arguments, je peaufine mon anti-catéchisme, et je passe à l’attaque. Et chaque semaine, au bout de la demi-heure, Christophe me dit : « Tu vois, j’ai toujours la foi ! » Il commence à m’énerver.

Une autre chose m’énerve : la vie spirituelle pendant les camps. J’échappe habituellement aux temps de prière et aux messes, mais ce 17 juillet 1979, je ne sais pas pourquoi précisément, je reste à la prière du soir. Il est 22 h 30. Je me souviens avoir pensé : « J’en ai assez d’être prisonnier des esprits ! » Puis : « Il y a quelque chose de beau et de paisible chez ces chrétiens ». Et voilà que je me retrouve à genoux. Cette brèche intérieure dans ma muraille a sans doute suffi à l’Esprit Saint, car il s’y est engouffré. Et il a mis le paquet : je suis resté prostré durant deux heures ! Quand je me relève, je suis croyant, chrétien catholique, je crois tout ce que professe l’Église, et mon cœur déborde de joie !

Cette conversion est brutale comme un chemin de Damas. Mais le reste va prendre un peu plus de temps. Il me faut découvrir l’Église, de A à Z : je ne sais même pas faire un signe de croix ! Il me faut également rompre avec certaines habitudes mentales. Par exemple, je ne peux m’empêcher de chercher un message secret dans les Évangiles… Enfin, il me faut renoncer de façon claire aux puissances magiques. Je me débarrasse de tous les grimoires et objets liés à nos pratiques ésotériques. Je me confesse- ce sacrement est très efficace contre les liens – ; une prière de délivrance complète ma libération (Satan n’aime pas voir une âme qu’il a liée lui échapper, il fait tout pour la récupérer, jouant sur les fragilités, la fatigue, etc. Il faut donc revêtir les armes du Christ – les sacrements de son Église -, et se faire accompagner par un prêtre qui connaît bien ce genre de pratiques). Je fais ma première communion à 24 ans ; je serai confirmé à 28 ans.

« … Et je me retrouve, en col romain, au volant d’une voiture volée. »

Sur ces entrefaites, mes parents sont mutés à Metz. Nous déménageons. La région étant sous régime concordataire, il y a une section théologie à la fac. Je m’y inscris en cachette. Je mène une double vie, je prétends aller au cinéma lorsque je me rends à la messe, etc. Jusqu’au jour où je déballe tout : « Je suis chrétien et je fais de la théologie ». « Cela va te passer… », disent mes parents qui me regardent comme si j’étais un extraterrestre. « Non, j’ai choisi le Christ pour toujours. » Ils refusent de payer mes études. Je deviens surveillant dans un collège… et je continue la théologie.

Comme je me balade en permanence avec une Bible, des jeunes me demandent souvent : « Tu ne veux pas être prêtre ? » Je réponds : « Non ». Je résiste pendant cinq ou six ans. Cela revient comme un appel lancinant. Un jour, la vocation s’impose à moi. Avant de rentrer au séminaire, je vais raconter mon itinéraire à mon évêque, Mgr Schmitt, sans rien lui cacher. Il m’accepte malgré mon passé sulfureux. Deux ans plus tard, son successeur, Mgr Raffin, m’envoie à Rome me spécialiser en missiologie – toutes les questions liées à la mission -, en Histoire des religions et en islamologie. J’y passerai cinq ans, dont une année comme prêtre – je suis ordonné en 1992.

J’ai eu deux universités dans ma vie : la Grégorienne, qui a structuré ma pensée ; et la Casal del Marmo, la prison des mineurs, où j’ai appris l’Évangile en actes. J’y travaillais avec le cardinal Casaroli, qui en fut l’aumônier discret pendant presque cinquante ans alors qu’il exerçait en même temps le prestigieux rôle de secrétaire d’État du Vatican. À l’époque, des gitans de Bosnie, chassés par la guerre, campaient aux portes de Rome dans des bidonvilles de fortune. Le jour, les mères mendiaient dans la ville pendant que les enfants détroussaient les touristes. La prison était pleine de gamins débraillés de 12 à 15 ans. Comme la police les attrapait en flagrant délit, ils n’avaient aucun linge de rechange. Je suis donc allé leur chercher des vêtements dans les campements. Les familles m’ont adopté. Avec quelques Sœurs de la Charité, nous avons essayé de monter une paroisse pour ces exclus. Tout un groupe du Séminaire français nous a prêté main-forte dans cette œuvre d’évangélisation.

À la prison, les débuts furent très durs : je me suis fait casser la figure, cracher dessus… Après que je fus passé sous ces fourches caudines, les jeunes m’ont fait confiance. Je n’ai jamais vu autant de conversions magnifiques. Dès qu’ils se sentaient aimés, ces garçons et ces filles s’ouvraient à la grâce. Je n’ai jamais vu, non plus, autant d’histoires tragiques. Comme ce jeune Chinois de 15 ans, par exemple, pris dans un trafic de drogue, que son père, qui habitait Lyon, venait visiter chaque semaine, et qui, dès qu’il fut libéré, fut abattu à la mitraillette sur le seuil de la prison… par ce même père : on ne discute pas les ordres de la triade ! Ce garçon venait de se convertir et il portait la croix du Christ sur sa poitrine.

J’ai également beaucoup progressé en théologie morale, grâce à des cas de conscience délicats entre charité et vérité. Exemple : un jeune gitan est libéré le jour de ses 14 ans. Il me dit : « Padre, on va fêter ça en famille, soyez à 17 h Piazza Venezia, je viens vous chercher ». Vers 17 h, je vois une super voiture qui déboule. La porte s’ouvre : c’était mon gamin qui l’avait « empruntée ». On a échappé à quelques policiers qui regardaient bizarrement un homme en col romain véhiculé par un tout jeune gars visiblement pas majeur… J’ai donc décidé de prendre le volant… d’une voiture volée. J’imaginais mon supérieur venant chercher son séminariste au poste…

Comme les petits frères m’apportaient des portefeuilles volés dans les bus pour que j’achète des vêtements pour leurs aînés, j’étais allé « négocier » avec les policiers : « Gardez l’argent, m’avaient-ils conseillé, mais rendez-nous les papiers : c’est ce que les gens espèrent retrouver en priorité ».

« Il me plaque au mur, me crie : je n’ai qu’un seul Dieu, c’est Adolf Hitler ! »

Cet apostolat auprès des jeunes m’a donné une âme de missionnaire et m’a ouvert le cœur. La plus grande souffrance, c’est le refus de Dieu. J’en ai eu la preuve avec un jeune prisonnier de 16 ans. Il était néo-nazi – ce sont les plus durs, ils détestent l’Église. Il me détestait donc. Alors que je venais de serrer la main d’un garçon bulgare, je lui tends la mienne, il refuse en disant : « Je ne serre pas une main qui vient de toucher un porc ». – « C’est toi le plus porc ! », lui ai-je répondu du tac au tac. C’était très tendu entre nous, et je sentais physiquement son désir de me briser. Un jour, il m’a plaqué contre le mur en me criant au visage : « Moi je n’ai qu’un seul Dieu, c’est Adolf Hitler ! » Et puis comme d’autres garçons arrivaient, il a crié en rigolant : « Alors, tu ne veux pas me confesser, curé ? » J’ai répondu : « Va te confesser à ton Dieu, Adolf Hitler ! » Il a continué à me charrier sur la confession jusqu’à ce que je le prenne soudain au mot. J’ai ordonné aux autres garçons de décaniller, je l’ai empoigné, je lui ai dit : « Tu veux te confesser ? On y va. – Non, non, je rigole. – Pas moi, confesse-toi, c’est ici et maintenant, allez : au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit… ». C’était un bloc de silence, blême, dur, rétracté. Soudain, il a lâché un mot, puis deux, puis trois… Et il s’est écroulé en larmes. Sa conversion a été aussi brutale que la mienne. Il est aujourd’hui en lien avec des salésiens et aide des jeunes à sortir de la drogue.

Ces expériences ont nourri mon espérance : sur terre, on peut sortir de l’enfer, de n’importe quel enfer. Dieu est plus fort que toutes nos prisons. Mais la pire des prisons, je crois, est celle des esprits. Si le Christ n’était pas venu me chercher en eaux troubles, j’aurais sans doute sombré dans la folie. C’est pourquoi je suis hanté par le souci de rejoindre les jeunes et de leur annoncer le Christ. »

(1) À lire : La Porte des Anges : t. I, « Le Complot d’Éphèse », 2006 ; t. II : « La quatrième clé », 2007, éd. Médiaspaul. Tome III à paraître en 2008. En vente à la Boutique Édifa : www.boutique-edifa.com (2) Fondée il y a six ans dans la spiritualité de Marcel Van et de Thérèse de l’Enfant-Jésus, la fraternité des Missionnaires de l’Amour de Jésus, composée de baptisés de tous les états de vie, cherche à répondre aux besoins de la nouvelle évangélisation. (3) Allusion à Dark Vador, personnage sombre de Star Wars.

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