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T17 — Gabrielà. Dès l’âge de 4 ans… une entrée progressive dans l’occultisme… À l’adolescence, la totale en matière de phénomènes paranormaux…

Gabrièla. DE L’OBSCURITÉ À LA LUMIÈRE. 2010
pour acheter le livre : www.editionsoasis.com Voici juste le chapitre 1, pp. 5-16


Née en mai 1983, dans une famille catholique non pratiquante, j’ai été baptisée dès mon plus jeune âge selon le dogme de la tradition catholique. J’ai été initiée au catéchisme dans l’Église catholique. Un ami d’école primaire m’en avait parlé et insistait pour que je vienne avec lui. J’y suis allée pour une seule raison : des amis d’école s’y retrouvaient. J’aimais être en compagnie de mes amis. J’avais le contact facile avec autrui. Grand-mère m’accompagnait et faisait partie des personnes responsables. Elle dirigeait de temps à autre notre groupe, le mercredi. Mon objectif n’était pas de connaître plus en détail Dieu. Je savais que Dieu existait. Je pensais juste obtenir des cadeaux à la fin de la communion comme presque tous les enfants. Ces moments plaisaient beaucoup à ma grand-mère maternelle. J’avais appris des éléments concernant la vie de Jésus. Je croyais à l’existence d’un Dieu, mais sans plus. Avec grand-mère, nous allions quelquefois à la messe le dimanche matin. Je faisais plutôt acte de présence en accompagnant mamie. J’appréciais les moments où on se dirigeait vers le prêtre qui distribuait l’hostie. Le soir, quand je restais dormir chez mamie, je me souviens que nous récitions le “Notre Père” et “Je vous salue Marie” avant de dormir. C’était des bons moments passés ensemble. Après ma communion, je me rendais de moins en moins à l’église. J’y allais juste pour les grandes occasions comme Noël, les Rameaux, Pâques, pour ensuite, ne plus m’y rendre.

Dès ma tendre enfance, j’ai eu une santé fragile. J’eus des problèmes de reflux gastriques, de stress, d’angoisse et de croissance. La science médicale ne pouvait rien faire. Alors on me conduisit vers des individus qui pourraient me soulager, voire me guérir. Je devais avoir environ quatre ans. Mais, ma première visite eut lieu alors que je me trouvais dans un couffin. Ils avaient un soi-disant “don”. Grand-mère et maman avaient pour habitude de s’y rendre pour leurs maux. Des membres de ma famille, aussi lointaine qu’elle soit, pratiquaient ce genre de sciences ou consultaient des guérisseurs.

Mamie s’y était rendue pour des raisons de santé. Elle avait été atteinte de la maladie du ruban. Son mari l’avait conduite vers les membres de sa famille qui “barraient” les maladies. Le ruban avait en effet disparu après magnétisation. Elle avait été guérie. Cependant, d’autres maladies ont fait irruption dans sa vie. De son côté, maman avait consulté, jeune, une voyante pour s’amuser. Elle lisait les horoscopes et accompagnait mamie chez les magnétiseurs.

La famille est envahie par l’occultisme. Le mot occultisme vient du latin “occultus” qui signifie “caché, secret”. C’est une pratique qui se rapporte à la connaissance du caché, du surnaturel… non comprise par la science physique. Une tante à maman utilisait une chaîne et un pendentif pour connaître le sexe de l’enfant conçu. Elle l’avait exercé sur maman qui m’attendait. La prédiction fut exacte.

Elle avait aussi auguré sur moi dès ma petite enfance : “Elle a une belle voix, elle montera sur scène”. Je suis montée quelques fois sur une scène pour du théâtre, dans le cadre de pièces réalisées pour la fin de l’année scolaire ou pour les études littéraires.

On parcourait des kilomètres pour voir des personnes ayant soi-disant ce bienfait du ciel afin d’obtenir si possible satisfaction et/ou guérison. Nous cherchions le secours auprès de guérisseurs, de barreurs, de magnétiseurs, de rebouteux… Ils étaient notre seule solution. Du moins, c’est ce que nous pensions.

Ceux que ma famille consultait avaient chacun des techniques différentes. Certains magnétisaient avec une pièce, d’autres avec leurs mains, car ils disaient posséder un fluide, ou encore avec une simple photo ou un contact téléphonique. Plusieurs personnes que j’ai consultées faisaient le signe de croix. Je n’entendais pas leur prière ou leurs mots. C’était leur secret. Ils ne devaient pas le divulguer. Généralement, on entrait seul dans une pièce avec la personne qui possédait ce don. Elle pouvait nous demander de rester debout, de nous asseoir sur une chaise ou encore de nous allonger sur un lit médical. Tout dépendait des maladies, de leur rituel. On me précisait souvent qu’il était important de croire à ces pratiques. On me demandait aussi de me détendre. Mamie me disait souvent avant de partir vers la personne : “Ne regarde pas ce qu’il fait.” Tous spécifiaient un fait : Dieu leur avait donné “ce don” et ce don leur avait été transmis de génération en génération. La guérison de nos maux pouvait ne pas être immédiate. Chacun conseillait de revenir deux ou trois fois jusqu’à la pleine guérison et qu’il était judicieux de ne pas consulter un autre magnétiseur entre-temps car il risquait de détruire et d’annuler le travail ; c’est ce qu’ils prétendaient !

Je me remémore aussi que mamie amenait chez certains rebouteux des objets : des foulards, du coton, des gants, des bandes de gaze ou autres, des habits, etc. Ces objets étaient posés sous leur vêtement, sur leur ventre ou poitrine. Ils touchaient leur corps pendant qu’ils nous maniaient. Le fluide magnétique s’infiltrait et se déposait sur les objets en question. Par la suite, si des maux (re) venaient, les objets imprégnés du fluide pouvaient nous soigner ; il suffisait de les porter. On nous recommandait de les mettre dans un sac plastique et dans un endroit sec. Parfois, on pouvait laisser une photo de soi pour qu’ils puissent prier pour nous. J’ai vu chez une guérisseuse des centaines de photos affichées ou posées sur une table en bois. Je croyais vraiment que Dieu leur avait donné ce don de guérir ou de soulager les malades. Je ne voyais pas le mal dans ces pratiques. On m’avait toujours inculqué leur bienfait. Je cherchais le bien-être, le rétablissement de tous les problèmes de santé qui m’affectaient. Je ne vivais plus qu’avec le stress, les soucis, les peurs et je me sentais oppressée.

Grand-mère avait toujours des bonnes répliques pour nous conduire vers ces personnes. Elle déclarait souvent : “On nous ne fait pas de mal, on ne nous empoisonne pas avec de la nourriture et des médicaments, on donne ce que l’on veut en argent.” C’était notre seul et unique recours puisque les médecins n’avaient plus d’autres solutions. Hélas, rien n’y faisait, même au bout de plusieurs entretiens. J’avais beau solliciter une autre personne, les maux empiraient. J’ai remarqué au fil des années, que plus j’y allais, plus j’avais des problèmes de santé. Certaines douleurs disparaissaient sur le moment de la pratique. Mais, peu de temps après, celles-ci revenaient. J’ai eu d’autres symptômes qui se sont manifestés. Je n’avais jamais eu de verrues sur le corps. Elles ont commencé à faire surface après avoir consulté des magnétiseurs. Je n’en avais pas qu’une : ma main droite en était couverte, tout le pouce et l’index jusque vers le poignet, sans compter celles à un de mes pieds. J’ai été obligée de me rendre vers un dermatologue car les verrues augmentaient en nombre. Je mettais un gant à la main pour les cacher, tellement c’était affreux ! Le seul moyen a été de les brûler à la neige carbonique : une par une. Je n’avais qu’une dizaine d’années. La douleur a été intense, le résultat plus ou moins efficace. Aucune de ces personnes que j’ai vue ou consultée, n’ont pu me guérir ou me soulager de mes maladies. J’ai rencontré un bon nombre de rebouteux aussi bien dans mon village que dans la région. Il est plus facile dans notre village, dans notre famille de parler ouvertement de magnétiseur que d’autres choses. Il est aisé d’acquérir une adresse et les coordonnées téléphoniques d’un magnétiseur. C’est monnaie courante.

La vie que je menais en solitaire, m’a conduite vers des choses surnaturelles. J’ai commencé à porter une attention toute particulière à la lecture ou à l’écoute de l’horoscope. C’était un sujet commun à tous dans la famille. Quand on recevait le journal, il y en avait toujours un qui lisait l’horoscope d’autrui afin de le charrier ou le taquiner. On rétorquait des phrases comme “on n’y croit pas, c’est de la bêtise”, “on le lit pour s’amuser”, “on n’y accorde pas d’importance”. En fait, les mots lus ou prononcés restent dans notre esprit. Petit à petit, c’est devenu ma préoccupation de chaque matin. Il me tardait de savoir quelle bonne nouvelle allait m’atteindre aujourd’hui. J’avais vu des choses, lues ou dites, se réaliser. J’ai commencé par y croire parce que je pensais que c’était la vérité. Alors, je me suis orientée dans cette pratique. Je lisais le journal, les magazines rien que pour lire l’horoscope. Le matin dans le bus, mon oreille était attentive à celui annoncé à la radio. Il m’arrivait d’en rechercher sur Internet tel l’horoscope chinois. Il y a eu des situations révélées exactes, d’autres non. En prenant du recul, je me suis aperçue que les choses mauvaises se produisaient. L’astrologie envahissait mon quotidien. J’aimais connaître mon signe, mon ascendant, etc. L’horoscope prenait de l’ampleur dans ma vie et je me reposais sur cette divination.

Un jour, j’ai fait connaissance d’une personne dans le bus scolaire. C’était un jeune homme plus âgé que moi. Je m’étais mise à côté de lui, car il n’y avait plus d’autre place. Le courant était bien passé entre nous deux. Souvent, il me gardait la place le matin dans le bus. On a commencé à mieux se connaître Plus tard, quand il a eu son permis de conduire, il venait nous voir (des amis et moi) après l’école sur la place du village. Il s’était acheté un objet un pendule. Le soir, il l’utilisait devant nous dans sa voiture. J’étais fascinée. Il me l’a gentiment offert avec la boîte. Je n’ai pas refusé ce cadeau. Je devais avoir environ quatorze ou quinze ans. Il m’avait montré et expliqué comment l’utiliser sans bouger la main. Je devais laisser l’objet tout diriger. Quelle joie m’avait saisie ! C’était une découverte extraordinaire. Je ne pensais pas que ce genre de choses pouvait être l’objet d’un cadeau et encore moins dans quelle intention… Je pouvais moi-même pratiquer et consulter l’avenir. Je n’avais pas besoin d’aller voir quelqu’un et payer. Je l’utilisais dans presque tous les domaines : santé, amour, avenir, études, etc. Je n’en faisais pas un usage pour chercher de l’eau ou du pétrole. Je l’ai employé en premier pour un usage personnel. Je posais beaucoup de questions afin d’obtenir des réponses sur ce qui allait se passer (des questions où l’on répond par oui ou non). Quand le pendule tournait, la réponse était oui et quand il se balançait, la réponse était non. J’y accordais beaucoup de temps et d’importance. J’ai vu des choses se réaliser comme des couples se former ou se séparer, des secrets se révéler. Alors, je l’ai vite mis en pratique pour d’autres. Pourquoi ne pas en faire profiter des amis ? Je ne l’ai pas employé pour du profit. Je ne demandais absolument rien. Je n’ai jamais rien reçu en argent ou en cadeau. Ce phénomène paranormal prenait beaucoup d’ampleur. Cet objet était toujours sur moi ou dans mon sac d’école. Il ne me quittait pas. Fréquemment, j’en avais besoin. Il m’est arrivé aussi d’utiliser à la place du pendule, une chaîne avec un pendentif rond ou carré. Je me souviens que maman le faisait de temps en temps sur moi pour connaître le nombre d’enfants que j’aurais et leur sexe (fille ou garçon). J’appréciais le contact de la chaîne qui se frottait sur ma main tendue. Elle glissait de bas en haut sur la peau et devait impérativement toucher le corps de la personne pour dévoiler l’avenir. Les personnes utilisant le pendule savent ce que j’entends par là. Maman le faisait pour s’amuser, du moins, c’est ce qu’elle pensait… Elle l’avait appris par d’autres membres de la famille qui l’exerçaient. On avait prédit à maman qu’elle aurait en premier une fille et ensuite un garçon. Je peux vous dire que c’est bien le cas et dans le bon ordre. Maman, dans sa jeunesse avait aussi consulté une fois une voyante… pour rire disait-elle. J’ai une famille avide d’expériences surnaturelles ; surtout ma famille, du côté maternel, en est imprégnée. Ces membres de la famille pratiquent ce genre de science et/ou ils consultent des guérisseurs.

Le désir d’aller plus loin m’envahissait, de plus en plus attirée par ces “sciences”. Je n’arrivais pas à contrôler ce désir. C’était plus fort que moi. Je savais des choses concernant l’avenir. Un pouvoir m’avait été donné. Je le cultivais comme on le fait pour un jardin. Je plantais des graines, j’arrosais et les plantes poussaient. Est-ce que les graines étaient des mauvaises herbes ? Est-ce que les graines étaient des belles fleurs ? À cette époque, je n’en savais rien. Je pensais juste que c’était Dieu qui m’avait donné ce don pour aider. Dans la foulée, je courus m’acheter un jeu de tarot de Marseille. On en trouve dans n’importe quel magasin public ou presque. Normal, c’est en vogue ! Un petit manuel explicatif était joint avec ce jeu. J’étais tellement heureuse d’avoir pu me procurer ce jeu avec des images représentées. Avant je lisais l’avenir dans un simple jeu de cartes. Mais là, autre chose s’ouvrait à moi. J’étais tellement captivée et fascinée de savoir, de connaître l’avenir. Il m’a fallu peu de temps pour lire, m’adapter, comprendre le fonctionnement du jeu ainsi que la signification des images. Assez rapidement, je me suis mise à le pratiquer. Dans un premier temps, je le réalisais pour moi. Je l’avais toujours sur moi. Je le pratiquais n’importe où : au lycée, soit en récréation ou en études, soit chez des amis ou chez moi. Ça a été un aimant. Il a attiré des personnes qui me voyaient pratiquer. Je cherchais toujours la destinée et dans des choses bien précises. Quand je lisais l’horoscope ou voyais des astrologues à la télévision, ils prédisaient toujours des choses banales de la vie courante. Ils ne se mouillaient pas. Je voulais prédire des éléments précis pour autrui. Un certain bien-être et une sûreté s’installaient, du moins c’est ce que je pensais. Ainsi, je pris de l’assurance dans ces expériences surnaturelles. Un petit chef dans son élément, contrôlant un certain don et menant une vie agréable.

Je ne me sentais pas rejetée par les autres. Au contraire, on venait vers moi pour connaître la vérité, l’avenir. J’existais à travers ce phénomène extraordinaire. J’étais concentrée sur les cartes tirées. Les mots sortaient instantanément de ma bouche. Parfois, j’avais l’impression d’entendre une voix me dicter les mots. Je les répétais. Je ne connaissais pas la provenance des choses annoncées. Je me disais que c’était peut-être un don de Dieu destiné à être exploité positivement. En tout cas, les choses se révélaient exactes, la plupart du temps. Pourquoi ? Parce que les gens revenaient me signaler l’accomplissement de mes prédictions.

Par la suite, un événement étrange m’est survenu. La nuit, en dormant, des images se présentaient à moi. Je rêvais, comme tout le monde, penserez-vous en me lisant ? Mais, malgré moi et par curiosité aussi, je me mis à observer et à analyser ces rêves. À ma grande surprise, je les vis ensuite se réaliser : à la télévision, au journal, à la radio, dans le quotidien, etc. J’appris qu’on qualifiait ces rêves de “prémonitoires”. Je me souvenais de la plupart des rêves le lendemain, au réveil ou dans la journée. Le premier rêve s’est produit vers mes quinze ans. J’avais rêvé la nuit d’un volcan en éruption. J’eus l’opportunité d’en parler à une dame, catholique pratiquante. Elle-même avait un don, disait-elle de guérir des personnes par le biais d’un fluide. Nous allions régulièrement la voir avec grand-mère. Quand je lui racontai ce rêve, elle me rétorqua : “Dieu te parle, tu as un don de Dieu, cultive-le, car tu vas faire de grandes choses.” Pour me rassurer, elle m’expliqua des faits qui lui étaient arrivés. Un jour sa lampe de chevet s’illumina toute seule durant la nuit. Il n’y avait pas eu de problème électrique ni une personne allumant la lampe. Elle comprit que Dieu voulait lui parler. Durant la conversation, elle me glissa une parole : son âge étant avancé, elle désirait transmettre ses dons : à un membre de sa famille, à ses enfants ou à ses petites enfants pour poursuivre son œuvre. Il faut savoir que les dons de guérisseurs peuvent être véhiculés à d’autres personnes, sans pour autant qu’ils en soient conscients et sans leur approbation.

Au début, les visions étaient rares et espacées. Constatant leur véracité, j’essayais d’en comprendre la signification. Pour moi, il était évident qu’elles avaient un but, une raison d’être. Maman avait acheté à France Loisirs un livre : “L’interprétation des rêves”. J’ai commencé à regarder et à feuilleter ce livre en fonction des images de la veille. Bien évidemment, tout ne figurait pas dans cet ouvrage. Alors, je recevais des rêves sans réponse, sans explication. Je n’aimais pas cela ! Ça me rongeait de ne pas comprendre ! J’ai remarqué ceci : plus j’accordais d’importance aux rêves et plus les scènes semblables à des courts métrages abondaient. Je sentais que ce n’était pas mon imagination. Ce mystère me séduisait, me fascinait et m’apeurait à la fois. Je visualisais des événements futurs. Pour certains, il est merveilleux de connaître son avenir ou l’avenir des autres, pour d’autres ce sont des mensonges. En tout cas, je ne maîtrisais pas tout ce phénomène : ni quand la vision arriverait, ni ce qui allait défiler à mon esprit… Ces visions devenaient de plus en plus des scènes tragiques comme les cauchemars.

Je vais vous raconter brièvement une vision. Je m’étais inscrite avec des amis à un voyage scolaire dont la destination était l’Espagne. C’était en octobre 2001. La veille de partir, j’ai rêvé d’une scène horrible : un accident de voiture sur autoroute. Tout est venu à mon esprit avec tous les détails : le nombre de voitures, la position et le nombre de corps, leur taille, les barrières de sécurité, l’autoroute, les bandes blanches, etc. Dans ce rêve, je ne pouvais que regarder. Je ne pouvais pas agir, ni intervenir. J’étais impuissante. Je ne voyais pas de panneau de signalisation indiquant une ville, un lieu. Au réveil, j’étais secouée, apeurée. Le moment du grand départ de vacances approchait. Avec des amis, nous nous sommes retrouvés devant le lycée, mettant les bagages dans la soute du bus. J’étais prête à partir. Et le cauchemar n’était plus présent à mon esprit. Le bus vibrait de notre joie de partir. Après quelques heures de trajet, l’autocar freina puis roula à allure lente… On se demandait ce qui pouvait bien se passer… Je décalai un peu le rideau et regardai par la fenêtre. La scène de la veille s’était accomplie ! Des corps étaient recouverts d’un drap, sur le bas-côté et j’étais devenue une simple spectatrice, ne pouvant aider personne. Une amie, confidente, était assise à mes côtés, témoin de mon désarroi. Notre professeur d’espagnol appela les secours pour signaler l’accident et nous poursuivîmes notre route. Il était difficile de parler de ce genre de rêves même à mon amie, car je ne désirais pas passer pour une folle. Toutefois, par la suite, j’en informai certaines personnes proches. Je ressentais de la faiblesse, de la tristesse, de la peur, de la culpabilité en voyant chaque réalisation de mes rêves. Ces sentiments faisaient surface temporairement. Ils s’évanouissaient et ne réapparaissaient qu’au prochain accomplissement. Les rêves devenaient de plus en plus fréquents. Ils m’empêchaient de dormir la nuit. Ils absorbaient mon sommeil. Des cernes se dessinaient sur mon visage. Pourtant, je ne ressentais pas de fatigue.

Le soir dans mon lit, je n’arrivais pas beaucoup à dormir, mais pas seulement à cause des rêves prémonitoires. Je sentais une présence dans la chambre à coucher. Déjà toute petite, j’avais peur du noir ce qui troublait mon sommeil. Mes parents laissaient la porte entrouverte pour obtenir un brin de lumière. Ils allumaient parfois la lumière du couloir qui donnait sur la chambre dans le but de me rassurer. Petite, il arrivait que mon frère vienne de temps en temps dormir avec moi. Il ne devait sans doute pas apprécier de dormir tout seul comme moi. Sa chambre (étant la mienne au départ) se situe à l’étage, au-dessus de la mienne, séparée par un escalier. Souvent, la nuit, l’angoisse et la peur nous saisissaient. Comme lui, j’avais donc besoin d’une présence. Était-ce la conséquence des films d’horreurs visualisés à la télévision ?

Maman louait des cassettes vidéo le week-end. Elle choisissait des films pour eux, adultes, et des dessins animés pour nous, enfants, dont nous raffolions. Plus âgés, nous visionnions des films d’action ou d’horreur avec nos parents, par exemple : les films avec Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger, d’autres avec la poupée Chucky ou bien des sujets traitant d’abeilles ou d’araignées tueuses. J’en rêvais la nuit !

En fait, il y avait peu de moments où je me sentais en sécurité. C’était généralement lorsque je partais en vacances chez mes grands-parents paternels. Chez eux, je dormais fréquemment avec ma grand-mère. Je passais de bonnes nuits, de bonnes grasses matinées. Alors que chez mes parents, mes sommeils étaient perturbés par deux sortes de manifestations : celles des cauchemars et celles de douleurs liées à la croissance.

Durant l’adolescence, j’ai été plusieurs fois réveillée violemment autrement que par des rêves ou des cauchemars. Non, ce n’était pas un manque de sommeil ou de l’énervement : je me réveillais en sursaut car je m’étouffais ! J’avais réellement l’impression qu’une main me serrait la gorge pour m’étrangler. J’allumais la lampe de chevet pour vérifier s’il n’y avait personne. Je me mettais assise dans mon lit pour retrouver ma respiration en me frottant la gorge. C’était vraiment une sensation bizarre autant qu’étrange. Je scrutais la chambre mais n’y voyais personne… non… Personne en face de moi ! Je ne comprenais absolument pas et me disais : “Tu rêves ? Tu deviens folle ? Qu’est-ce qui se passe ou t’arrive ?”

Quand je ne m’étouffais pas, j’avais une autre perception : celle d’un doigt me tapotant ou d’une main qui se posait sur l’épaule. Forts étaient l’effroi et les sursauts dans le lit. Vite, je me réfugiais sous les couvertures. Il m’arrivait de prendre une lampe de poche et de regarder de chaque côté du lit, en essayant de reprendre mon souffle et un état d’esprit plus clair, lucide. Avant de me calmer, mon cœur battait la chamade. Les nuits étaient troublantes avec le sentiment d’une personne qui se mettait assise au pied lit ou sur mes jambes. Cela me perturbait beaucoup ! Je ne la voyais pas. Il y avait une présence, mais invisible. J’étais saisie de terreur et je me crispais. C’était insensé ! Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Était-ce réel ou irréel ? Ma conscience travaillait-elle trop ? Mon subconscient l’imaginait-il ? Harcelée, épiée, voilà comme je me sentais ! J’irais même jusqu’à dire : ensorcelée, envoûtée et prisonnière. Je n’étais plus apte à faire la différence entre l’utopie et le concret.

Je m’adonnais tellement aux dons reçus ! J’y aspirais et y consacrais la plupart de mon temps. À un moment donné, je n’eus plus besoin d’objets pour deviner ou prédire. Tout semblait venir naturellement. Par ailleurs, j’eus soudain besoin, envie d’écrire des poèmes, poussée par je ne sais quoi. Ils avaient tous un point commun : ils reflétaient beaucoup de haine, de méchanceté, de rancune, d’amertume. En toile de fond ? Toujours le noir ! Un noir sans espoir. Était-ce mon état d’esprit Le mal-être l’emportait-il sur ces écrits ? La douleur et la souffrance prenaient-elles le dessus ? J’écrivais à la maison, pendant mon temps libre ou pendant les heures de cours. En fait, j’écrivais quand l’inspiration surgissait, ici, là ou ailleurs, des poèmes obscurs et lugubres ! À l’époque, je ne trouvais pas ces écrits sombres. Je les trouvais originaux, beaux, réels. Ils reflétaient ma vision des choses et dépeignaient ainsi la société actuelle, le monde en déclin, l’humanité perdue, les sentiments absurdes… Je conservais mes écrits dans ma chambre, dans une pochette noire !

À cette période d’adolescence, une profonde colère m’habitait. J’éprouvais de la haine contre toute injustice, violence… Je reportais cette haine contre Dieu, lui en voulant pour toutes sortes de choses : les échecs scolaires, la mort de ma grand-mère paternelle et de mon arrière-grand-mère, l’agression que je vous raconterai plus loin. Une rage s’était propagée dans ma vie, n’épargnant rien ni personne.

Il y a peu de temps, début de l’année 2009, j’ai retrouvé la pochette des poèmes. J’ai commencé à les relire en diagonale. Avec le recul, je vis leur aspect ténébreux, ressemblant à des prédictions ou des présages. Je fus stupéfaite, réalisant après coup, le profond état de détresse dans lequel j’étais à l’époque, et du mal commis… Je doutais presque que ma main ait pu écrire tant de noirceur, de méchanceté, de rébellion, de désir de vengeance, mais pourtant si, c’était bien ma main qui avait écrit cela ! Je me suis dépêchée de brûler tout cela dans le fourneau à bois de ma grand-mère vivant à proximité. Pourquoi ? Dans le livre sacré, la Bible, en particulier dans le livre des Actes 19, 19, nous lisons : “Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde : on en estima la valeur à cinquante mille pièces d’argent.”

À moi, ils ne m’apportaient plus rien aujourd’hui, au contraire ! Ils avaient une symbolique spirituelle négative et malsaine. Je ne pouvais que m’en débarrasser pour oublier, détruire le mal et leur effet sur ma propre personne et celle d’autrui.

De 1999 à 2002, j’avais entre seize et dix-huit ans, ayant souvent des contacts ou des approches avec des personnes attirées par les mêmes choses, j’avais créé autour de moi un champ magnétique. Elles aimaient et/ou exerçaient l’art magique. C’était comme si tout était conduit ou prévu. C’était une occasion pour discuter avec de nombreuses personnes intéressées. Les relations se tissaient rapidement autour de ce sujet central : la divination, le surnaturel : “Je vais voir tel guérisseur, je suis barreuse, etc.”

Je vis dans un village français, d’environ trois cents habitants. Un village fort sympathique avec d’anciennes fermes, des fontaines, environné de bois et de champs. Un lieu bien campagnard malgré la modernisation en plein boum qui commence à faire son apparition. Cette localité possède aussi des monuments antiques. Il y vit une population bien diversifiée à tous points de vue. Les gens se connaissent tous ou presque et les événements se savent rapidement. Concernant les convictions on peut dire qu’il y a là aussi une diversité : ceux qui croient en Dieu, ceux qui pratiquent la magie ou leur rituel, ceux qui se disent athées, ceux qui ont d’autres espérances, ceux qui ne s’en préoccupent pas.

Dans ce village où je vis, j’avais, comme je l’ai dit plus haut, consulté des magnétiseuses pour différentes maladies. Ma famille les connaissait bien. Par la suite, une dame est venue habiter la localité, pratiquant la voyance, la magie et barrant les brûlures ; ces personnes ne se cachant pas, convaincues de faire le bien des autres. J’avais eu l’occasion de discuter de l’ésotérisme avec cette personne arrivant dans le village, passionnées que nous étions toutes les deux. Elle pratiquait beaucoup de choses comme la voyance, la magie, la guérison des brûlures, etc. J’avais entendu parler de la magie, mais ne m’y étais pas intéressée. Alors elle me prêta des livres traitant du sujet. Cette femme les utilisait quand elle en avait besoin : se protéger, guérir, etc. Cet art me charma et je commençai à les feuilleter. Les livres prêtés sur la magie noire et magie blanche ressemblaient à des bouquins de cuisine, regorgeant de recettes de tout genre. Ingrédients, quantité, effets, formules ; tout était bien décrit. Grâce à ces recettes, on pouvait choisir de faire du bien ou du mal, attirer ou repousser, guérir ou rendre malade, bénir ou maudire. J’étais subjuguée par ces sortilèges, fascinée par la magie comprenant incantations, sorts, envoûtements, etc. Heureusement, je n’ai pas expérimenté une seule recette contenue dans ces livres, non pas parce que les effets m’effrayaient, mais parce qu’à ce moment-là, j’ai rencontré une personne extraordinaire du nom de Jésus-Christ qui me dévoila l’erreur dans laquelle je cheminais et me fit découvrir mon état. J’étais perdue, aveuglée, vide, trompée… vivant dans le péché. Je réalisai les dangers de l’occultisme. La divination, les guérisseurs, la magie et bien d’autres n’étaient pas institués par Dieu. J’ai pris conscience des erreurs commises. Six années de ma vie, de 1997 à mars 2002, ont été consacrées aux choses surnaturelles ne venant pas de l’Éternel.

Je croyais en Dieu. Mais je servais des idoles et j’utilisais des pratiques occultes. Mon cœur était partagé comme celui des Assyriens. Une idole est une représentation d’une personne ou divinité sous forme de statue qu’on vénère, prie, adore. Elle prend la première place qui revient à Dieu. L’argent, une personne, le travail, un loisir, une passion peuvent prendre la place de Dieu.

2 Rois 17, 24-33 : “Le roi d’Assyrie donna cet ordre : Faites-y aller l’un des prêtres que vous avez emmenés de là en captivité ; qu’il parte pour s’y établir, et qu’il leur enseigne la manière de servir le dieu du pays. Un des prêtres qui avaient été emmenés captifs de Samarie vint s’établir à Béthel, et leur enseigna comment ils devaient craindre l’Éternel. Mais les nations firent chacune leurs dieux dans les villes qu’elles habitaient, et les placèrent dans les maisons des hauts lieux bâties par les Samaritains. Les gens de Babylone firent Succoth Benoth, les gens de Cuth firent Nergal, les gens de Hamath firent Aschima, ceux d’Avva firent Nibchaz et Tharthak ; ceux de Sepharvaïm brûlaient leurs enfants par le feu en l’honneur d’Adrammélec et d’Anammélec, dieux de Sepharvaiin. Ils craignaient aussi l’Éternel, et ils se créèrent des prêtres des hauts lieux pris parmi tout le peuple : ces prêtres offraient pour eux des sacrifices dans les maisons des hauts lieux. Ainsi ils craignaient l’Éternel, et ils servaient en même temps leurs dieux d’après la coutume des nations d’où on les avait transportés.”

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