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Le diable existe-t-il vraiment ?

Le positionnement de chacun est variable

Il y a un réel flottement sur cette question. Voici quelques exemples de positionnements.

1. L’existence du démon comme conviction personnelle

Certains sont convaincus de l’existence du démon parce que dans leur vie, ils ont fait l’expérience d’une libération. Ils sont passés à la lumière de la foi, et à contre-jour, ils comprennent l’existence et la présence d’une force du mal qui œuvre dans le monde.

D’autres sont convaincus de l’existence du démon parce qu’ils font l’expérience que leur vie est sinistrée. Ils sont aux prises avec un taux anormalement élevé de très graves difficultés et en se comparant aux autres se disent : ce n’est possible et explicable que par l’action d’une force obscure qui ne cesse de leur nuire.

Dans les deux cas, il n’est pas besoin de convaincre : c’est comme une sorte d’expérience personnelle qui a forgé une conviction profonde.

2. L’expérience du mal comme source d’action

D’autres sont des combattants du bien : ayant éprouvé la morsure du mal à un certain moment de leur vie, ils se sont engagés dans le service des accablés de toutes sortes. Ils vivent l’Évangile (Mt 25) sans même le connaître, et souvent mieux que des chrétiens pratiquants. Ils forcent souvent notre admiration par leur sagesse de vie.

3. Le spectre peut aller de l’ignorance à la connaissance

– Une ignorance passive.

Certains ne se préoccupent ni de Dieu ni du diable, car ils sont enfermés dans une conception purement matérialiste et horizontale de la vie. Devant la présence du Mal dans le monde, ils sont comme chloroformés dans leur possibilité d’analyse et d’action.

On peut malheureusement adjoindre à cette attitude celle des chrétiens qui se demandent s’il n’y aurait pas lieu de réviser sur ce point notre doctrine concernant le démon, à commencer par l’Écriture. Le plus souvent, cette existence est franchement mise en doute. Si l’on revient une cinquantaine d’années en arrière, tous les récits évangéliques de miracles, et donc de guérisons et d’exorcismes, étaient systématiquement arasés par une exégèse démythologisante. Il était inconcevable d’envisager que les exorcismes ou guérisons accomplis par Jésus aient pu être réels.

– Une compromission active.

D’autres sont compromis avec le mal, voire directement avec Satan, et deviennent des vecteurs de sa présence et de son action dans le monde, consciemment ou inconsciemment. C’est sans doute la caractéristique de notre époque.

Par exemple, nous assistons à des phénomènes aussi inquiétants qu’exponentiels :

– On comptait 10 000 groupes satanistes dans le monde en 1946. Ils étaient 135 000 en 1985. On recensait 25 000 satanistes français en 2007, soit une augmentation de 300 % en trois ans, d’après le rapport pour l’année 2007 de la Miviludes.

– Des sorcières avouées écrivent des livres et tiennent des rubriques dans les journaux, donnent des émissions à la radio et à la télévision et animent des sites internet

– En 2005, le chanteur sataniste Marilyn Manson était crédité du chiffre exorbitant de 500 millions d’admirateurs et on sait les foules de ses concerts sur les 5 continents.

– Les sept romans de J. K. Rowlings sur le sympathique sorcier Harry Potter, se sont vendus depuis 1997 à 500 millions d’exemplaires en 70 langues.

– Notre pays comptait 40 000 voyants en 2003. 4 ans plus tard, en 2007, leur nombre avait doublé pour atteindre 100 000… Selon Radio Astro, en 2013, 15 millions de Français avoueraient croire aux prédictions des voyants. La médium Patricia Darré, vendait ses livres en 2012 et 2013 à plus de 100 000 exemplaires.

– Voici les paroles, très suggestives, de la chanson du Groupe Métal Eagles of Death (les Aigles de la Mort) au Bataclan, lors des attentats de Paris le soir du vendredi 13 novembre 2015 : « Qui aimera le diable ?
Qui chantera sa chanson ?
Qui aimera le diable et sa chanson ? J’aimerai le diable !
Je chanterai sa chanson !
J’aimerai le diable et sa chanson !
» ETC.

3. Le diable pourrait donc dire : vous m’en voyez ravi !

« Nous sommes portés à commettre, au sujet du Diable, ou de ses envoyés, deux erreurs opposées mais d’une égale gravité. L’une consiste à nier leur existence, l’autre à leur porter un intérêt excessif et malsain. Ces deux attitudes les plongent dans un égal ravissement et ils accueillent avec le même enthousiasme le matérialiste et le sorcier. » (Clive Staples LEWIS, Tactique du diable, 1942).

4. Mais ne pourrait-on pas militer pour une nouvelle prise de conscience ?

« Nous sommes aujourd’hui face au plus grand combat que l’humanité n’ait jamais vu. Je ne pense pas que la communauté chrétienne l’ait totalement compris. Nous sommes aujourd’hui confrontés au combat final entre l’Église et l’Anti-Église, entre l’Évangile et l’Anti-Évangile. » [Cardinal Woltyja, élu pape deux ans plus tard, cité par le cardinal Ivan DIAS, préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples et envoyé pontifical de Benoît XVI à Lourdes, 9 nov 1976]


L’enseignement de l’Église : une proposition nouvelle ?

1. Il est fondé sur la Bible

La Bible parle plus de 1000 fois des anges et des démons ; dans le seul NT, on a relevé 568 références au diable…

Les Apôtres sont très clairs sur la mission de Jésus, mise en relation avec le diable :

– L’auteur de la Lettre aux Hébreux, disciple de Paul : Jésus vint « afin de réduire à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable » (He 2, 14)

– Jean : « C’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu » (1 Jn 3, 8).

– Luc : Jésus « a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable » (Ac 10, 38).

– Paul : Le Père « nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 13).

Dans la Petite École Biblique n° 65, « Jésus exorciste », je propose une étude transversale de l’Évangile de Luc. Voici quelques aspects intéressants, fruits de la conclusion.

* L’existence du démon est admise comme réelle ; aucune contestation n’est apparente sur ce point.

* Jésus et son autorité sont au centre de ces récits, et non pas celle de Satan. La simple présence de Jésus débusque l’ennemi présent.

* Les exorcismes accomplis par Jésus sont sobres, l’évocation faite par Luc est brève, voire laconique. Rien de sensationnel.

* Toutes les paroles des démons sont des aveux d’impuissance qui soulignent la victoire de Jésus. « Jésus, fils du Dieu Très-Haut… je t’en supplie, ne me tourmente pas » (Lc 8) ; « Es-tu venu pour nous perdre ? » (Lc 4). De l’aveu même du démon, Jésus vient libérer l’homme prisonnier de la mort.

* Le ministère de Jésus contient un enjeu de grande ampleur : il ne s’agit pas moins que de détrôner Satan, l’expulser du monde avec ses démons, et instaurer le règne de Dieu.

* Dans les controverses suscitées par ce ministère, Jésus affirme qu’il est « le plus fort » qui renverse le pouvoir de Satan par ses exorcismes, et qui lui arrache les hommes emprisonnés par son pouvoir. Satan a perdu toute force et toute arme ; il ne possède plus rien. Satan n’a plus de pouvoir, mais les disciples de Jésus ont maintenant pouvoir sur les démons.

* Luc a soin de préciser méticuleusement que les attributs de Jésus, qui lui ont permis d’accomplir son ministère, sont transmis aux disciples après lui, par Jésus lui-même de son vivant, et ne sont pas une prétention de l’Église post-pascale.

* « N’empêchez pas ! » Jésus rabroue Jean au sujet de la légitimité à agir en son nom. L’utilisation du nom de Jésus le montre porteur direct du pouvoir divin. Jésus valide la possibilité d’exorciser en son nom, pour d’autres que les Douze apôtres.

* Jésus souhaite le surgissement de nombreux missionnaires équipés de cette puissance de libération, fidèles à une exigence de dépouillement, de frugalité et de retenue. Car guérir les malades et annoncer que le Royaume de Dieu s’est approché est l’essentiel.

C’est donc une belle moisson de convictions que nous livrent les Évangiles sur le ministère de Jésus exorciste. Aucun doute n’est possible sur ces différents points quand on étudie ces passages de l’Évangile, et on peut les placer sans se tromper au cœur d’une réflexion concernant une pastorale d’évangélisation renouvelée.

2. Mais ce n’est pas un dogme à proprement parler

Au cours de vingt siècles d’histoire le Magistère ne consacra à la démonologie que peu de déclarations proprement dogmatiques. La raison en est que l’occasion ne se présenta que rarement, à deux reprises, dont la plus importante se situe au début du XIIIe siècle, quand se manifesta une résurgence du dualisme manichéen avec l’apparition des Cathares ou Albigeois. Mais l’énoncé dogmatique d’alors, formulé dans un cadre doctrinal familier, rejoint d’assez près notre préoccupation actuelle, puisqu’il y va de l’univers et de sa création par Dieu :

« Nous croyons fermement et nous professons simplement… un principe unique de l’univers, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, spirituelles et corporelles : par sa force toute-puissante dès le commencement du temps il créa tout ensemble de rien l’une et l’autre créature, spirituelle et corporelle, à savoir celle des anges et celle du monde, puis la créature humaine, qui tient en quelque sorte de l’une et de l’autre puisqu’elle est composée d’esprit et de corps. Car le diable et les autres démons ont été créés par Dieu naturellement bons, mais ce sont eux qui d’eux-mêmes se sont rendus mauvais ; quant à l’homme, il a péché à l’instigation du diable » (Concile de Latran IV, 1215).

On pourrait résumer en disant : 1. Dieu est créateur du monde visible et invisible ; 2. La création est bonne. Il n’y a pas deux principes coéternels et opposés : le bien et le mal. Et ces deux affirmations mises en forme en 1215 remontent au IV° s.

En ce qui concerne la démonologie, la position de l’Église est donc claire et ferme, même si l’existence de Satan et des démons n’a jamais fait l’objet d’une affirmation explicite de son magistère (parce que la question ne se posa jamais en ces termes : tout le monde s’accordait à reconnaître leur existence et leurs principaux méfaits).

On peut légitimement penser que cette lumière doit être proposée à frais nouveaux à un monde accablé par l’impact du mal. Je renvoie à un livre qui collationne les enseignements du pape François : Le diable existe vraiment ! … et nous devons le combattre. Artège. 2018

D. Auzenet, 15 janvier 2023

Voir la page : Satan dans la Bible

Voir la page : Satan dans le Catéchisme de l’Église catholique