Le satanisme dans notre société
Par le P. Benoit Domergue. La France d’aujourd’hui compte plus d’une cinquantaine d’associations directement affiliées aux pratiques satanistes ou occultistes du type de celles de la Wicca internationale, groupes répertoriés dans le Journal Officiel.
Si nous comptabilisons l’ensemble des membres actifs de ces mêmes associations, nous constatons que leur nombre n’excède pas les cinq mille individus. Ce chiffre est« infime» au regard des soixante-cinq millions de Français, étant entendu que nous pourrions toujours regretter la présence d’un seul de ces adeptes pour lesquels l’Église catholique, en particulier, est une institution qui doit disparaître purement et simplement de la scène mondiale.
Une praxis satanique depuis le XVIII° siècle
Strictement parlant, nous pouvons évoquer l’existence d’une praxis satanique à partir du XVIII° siècle avec les premières célébrations connues de « messes noires », en particulier celles de l’abbé Guibourg. Une messe noire met en scène un simulacre de messe catholique, dénature et parodie plus spécialement le rite eucharistique tridentin.
À la suite de longues recherches et investigations universitaires (1) mais aussi empiriques, à travers de nombreuses rencontres devant plusieurs dizaines de milliers d’élèves sur les territoires français, belge, polonais en parliculier, nous constatons un nombre toujours croissant de « dérives satanistes» telles que des profanations ou des rixes sanglantes. Le 2 février 2010, je donnais une conférence sur le sujet, devant le Parlement lituanien. Ces préoccupations touchent aujourd’hui surtout les pays industriels.
Au fur et à mesure de nos rencontres, les jeunes acteurs du satanisme sont le plus souvent des fans de Marilyn Manson (Album Holy Wood), de Mylène Farmer (le clip Je te rends ton amour … ), mais aussi plus récemment de Lady Gaga (2), spécialement à partir des clips Bad Romance ou celui d’Alejandro de connotations antichrétienne et antichristique. Le satanisme n’est jamais pratiqué stricto sensu de manière exclusive mais à travers des tendances telles que le thélèmisme d’Aleister Crowley (culte de la chair), l’occultisme, l’usage récurrent de stupéfiants, etc.

Divers vecteurs
Des films comme le Da Vinci Code, Anges et Démons de Dan Brown, et plus récemment Le Rite de Mikaël Hafstrom avec Anthony Hopkins prônent plus ou moins directement une fascination déplacée du démon et de ses œuvres. Certaines musiques de type Metal et Gothic sont également des vecteurs du satanisme en particulier avec des groupes que l’on rencontre régulièrement en France à l’occasion, par exemple, du Festival du Hell Fest à Clisson (banlieue sud de Nantes). Voici quelques-uns de ces groupes: Dimmu Borgir (groupe norvégien, album Death Cult Armageddon) ; Bewitched (suédois, album Rise of the Antichrist) ; Cradle of Filth (anglais, album Cruelty and the Beast) ; Ancient Ceremony (allemand, album The Third Testament) ; Christ Agony (polonais, album Dœmoonseth); Temple of Baal (français, album Servants of The Beast) ; Celtic Frost (suisse, album Ta Mega Therion) ; Morbid Angel (américain du Nord, album Abominations of Desolation) … Les noms et les titres d’albums sont déjà très évocateurs!
Il faut souligner que les termes de « messe » ou de « cérémonie » sont abusifs et impropres car une « messe noire » n’est pas à proprement parler la célébration d’un mystère mais bien plutôt une profanation au sens le plus fort du terme.
À l’occasion d’une Audience Générale, le pape Paul VI affirmait dans une phrase lapidaire que le démon est un « être vivant, spirituel, perverti et corrupteur ». Les adeptes du satanisme peuvent aller jusqu’à rendre un culte à Satan et adoptent pour la plupart des conceptions et des pratiques dont voici quelques-unes des plus caractéristiques.
Les prières – nous devrions dire les évocations de type spirite – sont le plus souvent écrites et lues à rebours; le Discours des Béatitudes sataniques est une variante du Sermon sur la montagne déjà parodié par Frédéric Nietzsche: « Heureux les forts – Heureux ceux qui sont violents et ceux qui rient – Heureux les blasphémateurs … ils seront des disciples de Satan », etc.
Les cierges liturgiques sont de couleur noire,le crucifix est renversé,les pages d’une Bible sont ostensiblement déchirées comme à l’occasion d’un concert donné par Marilyn Manson. Une hostie est généralement profanée à la suite d’invectives contre la Rédemption du Christ, en particulier lors d’une messe noire.
Culture de mort
L’idéologie sataniste promeut egalement différentes formes d’homicides, qu’ils soient rituel, animal ou humain. Un meurtre rituel correspond à une defixio telle qu’elle est pratiquee dans la religion romaine antique, defixio que l’on peut traduire par envoûtement et correspond à la destruction d’un visage (vultus en latin) que le sorcier détruit (avec des clous, des brûlures … ) dans l’espoir de nuire.
Si le premier millénaire historique vit apparaître et se deployer l’avènement du christianisme, il fut aussi marque – comme autant de blessures – par un grand nombre d’hérésies en particulier christologiques et trinitaires. Le millénaire suivant quant à lui fut le temps des schismes entre les Églises d’Orient et d’Occident puis avec les Réformés, mais aussi comme jamais avec l’apparition d’une quantité considérable de sectes el de sociétés secrètes. Mircea Eliade parlait à ce propos « d’une explosion de l’occultisme» caractérisant la deuxième moitié du XX° siècle.
À l’aube de ce troisième millénaire, le pape Jean-Paul II observe déjà que « La Culture européenne donne l’impression d’une «apostasie silencieuse» de la part de l’homme comblé qui vit comme si Dieu n’existait pas. Dans une telle perspective prennent corps les tentatives, renouvelées tout récemment encore, de présenter la cullure européenne en faisant abstraction de l’apport du christianisme qui a marqué S01l développement historique et sa diffusion universelle. Nous sommes là devant l’apparition d’une nouvelle culture, pour une large part influencée par les médias, dont les caractéristiques et le contenu sont souvent contraires à l’Évangile et à la dignité de la personne humaine. De celle culture fait partie aussi UII agnosticisme religieux toujours plus répandu, lié à un relativisme moral et juridique plus profond, qui prend racine dans la perte de la vérité de l’homme comme fondement des droits inaliénables de chacun. Les signes de la disparition de l’espérance se manifestent parfois à travers des formes préoccupantes de ce que l’on peut appeler une «culture de mort»» (4).
Nous croyons pour notre part que le satanisme est un des aspects les plus extrême de cette culture. Pour y répondre, le Pape Benoit XVI promeut une nouvelle Évangélisation, à la suite de ses prédécessenrs, afin que l’espérance et l’amour renversent ce que le satanisme revendique avec tant de laideur et de désespoir, nous devrions dire désespérance.

Père Benoît DOMERGUE,
dans l’Homme Nouveau 1490 du 26 mars 2011
1. École Pratique des Hautes Études, V° section. Sciences religieuses. Paris & Doc/orat en Théologie sur le sujet, Université Grégorienne. Rome. 1997.
2. Un projet décalé de Lady Gaga: « sortie d’un parfum à base de sang et de sperme … ». Revue Sud-Ouest Dimanche, version Femina. semaine du 7-13 mars 2011, p.11.
3. Paul VI, Audience Générale du 15 novembre 1972, L’Osservatore Romano du 16 novembre 1972.
4. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, n°. 9, 28 juin 2003.
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