Les pactes sataniques
Plutôt que de faire une réflexion théorique, voici le récit de la libération d’une personne qui avait fait un pacte satanique. Il est contenu dans le livre de Gabriele Amorth, Nouveaux récits d’un exorciste (Ed. FX de Guibert, 1993, pp. 166-171). Il est dû au rapport fait par la psychiatre Marie-Dominique Fouqueray, qui m’a autorisé à le reproduire.
« Nommée médecin-psychiatre dans un cabinet privé en 1986, je collabore depuis quatre ans avec l’exorciste diocésain, avec le consentement de notre évêque, MGR René Picandet, qui croit à la possibilité de possessions diaboliques (tous ne sont pas comme lui !) et suit notre travail. Ma formation chrétienne remonte à l’enfance et j’ai toujours cherché à l’approfondir. Grâce aux conseils d’un excellent prêtre, en même temps que mes études, de médecine, j’ai suivi des cours bibliques et théologiques.
En 1974, j’ai découvert le mouvement charismatique “Renouveau dans l’Esprit” et, à travers lui, la prière de guérison, de délivrance et les exorcismes. Ma collaboration ayant été demandée, du fait de ma compétence professionnelle spécifique de psychiatre, j’ai accepté volontiers et je me trouve en bonne syntonie avec l’exorciste diocésain. Un des premiers cas que nous avons dû affronter est le suivant. Il s’agissait de traiter une femme de quarante ans, mariée et mère de quatre enfants, qui travaillait comme éducatrice spécialisée. Ses maux étaient dus au fait que pendant plus de dix ans elle avait fréquenté une secte satanique. Au moment où elle fit appel à nous, c’était la troisième fois qu’elle essayait de sortir de cette secte.
Contrairement à ce qu’on aurait pu supposer, cette femme était très proche des prêtres ; et ce fut un prêtre qui l’orienta vers nous. En fait, elle menait une double vie : elle connaissait beaucoup de prêtres et, tous les dimanches, elle jouait de l’orgue pendant la messe, tout en ne s’approchant jamais des sacrements ; par ailleurs, elle était grande prêtresse de la secte appelée Wicca, dont le chef est Lucifer. Elle avait été initiée progressivement et, une fois entrée, elle savait qu’elle n’en sortirait que par la mort violente à laquelle elle était destinée : le suicide. Elle avait très peur ; elle voulait sortir de cette secte, mais elle savait les risques que cela comportait.
Lorsque nous l’avons rencontrée pour la première fois, elle présentait les signes d’une personne déprimée, tourmentée ; elle était amaigrie et dormait mal, mais elle n’avait pas d’antécédents psychiatriques. Après avoir bien étudié le cas, l’exorciste décida de procéder aux exorcismes : d’abord au rythme d’une fois tous les quinze jours, puis une fois par semaine. Ce fut pour moi une expérience pleine de découvertes qui a enrichi et stimulé ma foi.
En tant que psychiatre, j’ai essayé de comprendre “la porte d’accès”, c’est-à-dire les motifs qui avaient poussé cette personne à entrer dans une secte satanique. Son éducation chrétienne, basée sur l’observance des pratiques traditionnelles, avait été de très rigide ; elle n’avait pas découvert l’amour de Dieu. Pendant ses études, elle avait fréquent une école de religieuses, où elle avait reçu une bonne formation intellectuelle, mais aucune aide spirituelle. Le mariage ne l’aida pas non plus. Son mari, qui gagnait bien sa vie, l’obligea à quitter son travail et à s’occuper des enfants et de la maison. Elle aurait voulu sortir de temps à autre, mais son mari était contre. Même les vacances d’été, passées dans un petit village à la campagne, auprès des parents âgés, l’ennuyaient, alors qu’elle aurait aimé trouver quelques distractions.
En lisant un journal mondain, elle tomba sur une invitation à des journées de détente. Elle fréquenta ce lieu, bien qu’elle se fût aperçue qu’il était très particulier, orientant toujours les participants vers les boissons alcooliques, vers la drogue et vers l’initiation dans une secte. Mais elle y trouva des gens empressés, ce qui compensait les manques chez elle. C’est ainsi qu’elle se trouva de plus en plus impliquée : elle renia son baptême et se soumit au nouveau baptême de la secte, au cours duquel il lui fut imposé un nouveau nom. Elle reçut une marque secrète sur la cuisse et signa avec son sang un pacte avec Satan, après avoir brûlé son acte de baptême chrétien.
Elle fut initiée aux messes noires et aux célébrations de chaque vendredi à 15 heures. Elle vit clairement que nos rites et nos prières étaient transformés, “diabolisés”. La messe noire est une parodie de l’Eucharistie et, au moment de la communion, elle se transforme en orgie. Il est important de connaître les différents points du pacte satanique parce que, durant les exorcismes, il faut inviter la personne elle-même à renoncer pleinement à Satan : “Je te renie, démon X, je ne veux plus de toi et je renonce aux pratiques que tu m’as inspirées.”
Habituellement, un pacte satanique se réalise lors d’une messe noire. Celui qui le demande est marqué sur la cuisse et signe avec son sang le pacte. La personne jure alors de respecter douze points :
- Abjurer son baptême.
- Abjurer la foi en l’Eucharistie.
- Refuser l’obéissance à dieu et dire oui à Satan.
- Répudier la Vierge Marie.
- Renier les sacrements.
- Piétiner la Croix.
- Piétiner l’image de la Vierge et des saints.
- Jurer fidélité éternelle au prince des ténèbres ; jurer sur les écritures diaboliques.
- Se faire baptiser au nom du diable, en choisissant un nom approprié.
- Recevoir sur la cuisse la marque d’appartenance à Satan ou au groupe satanique, par le moyen d’une empreinte diabolique.
- Choisir un parrain ou une marraine appartenant au groupe satanique.
- Profaner des hosties, sans profaner les tabernacles, en allant communier et en conservant les hostoes pour ensuite les profaner durant une messe noire.
J’ai découvert ces points peu à peu, au fur et à mesure que se faisaient les exorcismes. Durant ces exorcismes, la femme atteinte avait les yeux d’une bête féroce et elle repoussait avec force le crucifix que nous tenions devant elle. À la fin, elle vomissait (peut-être seulement de l’eau) et sa température montait jusqu’à 41°, qui s’abaissait seulement avec l’eau de saint Sigismond (connue dans notre métier pour guérir des fièvres inexplicables). Madeleine (appelons-la ainsi) avait participé à un grand nombre de messes noires. Elle se présentait bien et inspirait pleine confiance, du fait qu’elle jouait de l’orgue durant les offices.
Je tiens à souligner un fait. Dans un cas comme celui-ci, la seule action de l’exorciste n’aurait pas suffi. Déjà à deux reprises, deux exorcistes avaient échoué pour n’avoir pas assez tenu compte de ce que disait la personne concernant les faits et pour avoir minimisé les pressions et les menaces des membres de la secte.
La troisième fois, Madeleine a été délivrée grâce à l’aide que l’équipe a apportée à l’exorciste. Par exemple, il était nécessaire de procéder à une rééducation à la foi chrétienne et il fallait une aide de soutien quand la possédée était assaillie par des pulsions suicidaires et des fièvres inexplicables. Nous ne l’avons plus laissée seule, nous lui avons toujours été très proches.
Tout ceci a duré trois ans. Par la suite, Madeleine n’a éprouvé qu’une certaine difficulté à assister à la messe dans les églises qu’elle fréquentait auparavant ; mais elle a pu prier et communier. Elle a encore besoin d’une catéchèse appropriée, mais elle est délivrée de plus en plus de ces blocages qui lui rendaient la prière difficile et l’empêchaient de lire la Bible. En ce qui concerne la Parole de Dieu, il était nécessaire d’éviter les textes où il était question de sang et de sacrifice. Au début, elle fut plus touchée par la lecture des épîtres de saint Paul que par les Évangiles. Il a fallu beaucoup de temps pour obtenir la guérison de sa mémoire, avec la purification des images : elle avait beaucoup de visions et faisait des cauchemars.
Les exorcismes ont été suspendus lorsque Madeleine a pu mener seule la lutte spirituelle, prier, se confesser, communier ; c’est-à-dire lorsqu’elle a pu utiliser les moyens ordinaires de lutte. J’ajoute deux faits importants. Madeleine n’avait pas reçu la Confirmation. Après une préparation adéquate, elle-même demanda à recevoir ce sacrement qu’elle reçut des mains du vicaire général, en présence de son mari, de ses enfants et des membres de l’équipe. Un peu plus tard, elle fut solennellement réintégrée dans l’Église, en présence de l’évêque et de toutes les personnes qui avaient assisté à la Confirmation. Enfin, durant les deux années qui furent nécessaires pour obtenir la complète délivrance, elle a composé de fort belles prières à l’adresse du Seigneur et de la Sainte Vierge. »
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